DCNS

Naissance des arsenaux

En 1631, le Cardinal de Richelieu, alors Premier Ministre de Louis XIII décide de développer les arsenaux afin de donner à la France une puissance maritime capable de rivaliser avec celle de la Grande-Bretagne, il crée ainsi l’Arsenal de Brest. Cette volonté sera amplifiée par Colbert, Ministre de la Marine qui développera plusieurs arsenaux névralgiques : Arsenal de Toulon, Arsenal de Brest, Arsenal de Rochefort. Il sera imité ensuite par son fils Seignelay qui lui succédera[1].

En 1750, le marquis de Montalembert convertit une ancienne papeterie en forge à canon à Ruelle-sur-Touvre.

Le XIXe siècle voit se développer ces grandes infrastructures qui accompagnent la mutation de la marine à voile vers la motorisation. Les arsenaux se transforment donc en industrie mécanisée où le bois est de plus en plus remplacé par l’acier et les vergues par les lignes d’arbre

L’arsenal de Rochefort ferme en 1926, puis en 1937 est créé l’établissement de Saint-Tropez[1].

Création de la DCAN

Le Général de Gaulle crée en 1961 la délégation ministérielle pour l’armement (DMA) qui deviendra en 1977 la délégation générale pour l’armement (DGA)(devenue depuis direction générale de l’Armement), il y intègrera l’ensemble des arsenaux au sein d’une direction appelée la « Direction des Constructions et Armes Navales » (DCAN).

L’objectif de cette réforme était de centraliser et de regrouper l’ensemble des capacités de conception et de construction des administrations et des armées au sein d’une délégation interarmées directement sous l’autorité du Gouvernement.

De la DCAN à la DCN, puis à DCNS

En 1991, la Direction des Constructions et Armes Navales (DCAN) devient la Direction des Constructions Navales (DCN), la même année est créée la SA DCN International pour les activités commerciales de promotion et de suivi des contrats à l’exportation de DCN (torpilles, systèmes SILVER,…). La Direction des Constructions Navales(DCN) demeure au sein de la DGA tout comme la DCAN précédemment. Cette Direction fait l’objet en 1997 d’une première transformation substantielle, les activités étatiques sont intégrées dans le service des programmes navals (SPN) nouvelle entité créé à cette occasion pour assurer les responsabilités de maîtrise d’ouvrage des navires destinés au ministère de la défense, principalement à la marine nationale. Désormais DCN n’est plus en charge que des seules activités industrielles ayant abandonné les activités étatiques au SPN, elle reste toutefois maintenue au sein de la DGA. En 2000, DCN change de statut, cette administration se transforme en service à compétence nationale directement rattaché au ministère de la défense. En 2001, DCN change à nouveau de statut pour se transformer en entreprise publique (article 78 loi n°2001-1276 du 28 décembre 2001) le 1er juin 2003 avec le transfert des droits, biens et obligations de l’Etat à son profit.

Enfin, DCN, société de droit privé à capitaux publics, devient DCNS, le 29 mars 2007 par le regroupement de la DCN, des activités navales de Thales[2], d’Armaris, l’ancienne filiale commune détenue à parité, et MOPA2, la société chargée du projet du second porte-avions (le « S » de DCNS fait référence à « Systèmes et Services », et rappel également la dernière lettre de Thales et d’Armaris [3]; suite à ce changement de nom, DCNS n’est plus à proprement parlé un sigle mais un nom d’entreprise en tant que tel).

DCNS aujourd’hui

Missions de DCNS

DCNS conçoit et développe des systèmes navals militaires dans tous les domaines (bâtiment de surface, sous-marins conventionnels et nucléaires, système de combat, torpilles,…), tant pour l’entretien (maintien en condition opérationnelle : MCO) que pour les constructions neuves.

DCNS est chargé de mener à bien des projets dans le domaine de l’armement naval, des infrastructures et notamment de la :

  • Programmation stratégique
  • Conception
  • Construction
  • Maintien en condition opérationnelle, entretien.
  • Exploitation

DCNS vend ses produits à la Marine nationale française, mais aussi aux marines étrangères pour les produits classiques avec autorisation du gouvernement français.

Quelques éléments clés[modifier]

DCNS conçoit, construit et assure l’entretien et le maintien en condition opérationnelle (MCO) notamment des navires de surface et sous-marins de la Marine nationale française.

Organisation

DCNS est organisée en 3 divisions et 2 business units opérationnelles supportées par des directions fonctionnelles :

  • Division Services
  • Division Systèmes navals de surface
  • Division Sous-marins
  • BU Simulateurs et formation
  • BU Torpilles

Actionnariat

L’actionnaire principal reste la République française avec 75% du capital de l’entreprise. En 2007, le groupe Thales cède à DCN son activité navale Thalès Naval France et pour 250M€ acquiert 25% de la nouvelle entité DCNS.

Évolutions possibles

De nouvelles dispositions sont prévues pour ouvrir le capital de DCNS afin de préparer d’éventuels rapprochements avec d’autres groupes industriels. Cependant l’État français compte conserver le contrôle sur les activités de DCNS. Il a été envisagé une montée de Thales à hauteur de 35% du capital en 2009 ou l’entrée des Chantiers de l’Atlantique, comme évoqué par le Président de la République française en septembre 2008[4]. À plus long terme, TKMS, BAe Systems, Fincantieri ou Navantia pourraient devenir des partenaires[5].

Ressources humaines

DCNS a développé plusieurs partenariats étrangers par l’intermédiaire de ses filiales. L’entreprise emploie 13 300 personnes dont 7 000 ouvriers d’Etat (les fameux « apprentis des constructions navales ») et 6 300 salariés de droit privé. DCNS est signataire du Pacte PME notamment en ce qui concerne ses relations avec ses fournisseurs.

Stratégie de développement 2010[modifier]

Le P-DG de DCNS, Patrick Boissier a annoncé en décembre 2009 que son entreprise souhaitait augmenter de 50% à 100% son chiffre d’affaire annuel à l’horizon 10 ans. Pour ce faire il table sur un gain de productivité de 30% des offres DCNS afin d’être de plus en plus compétitif sur la scène mondiale.

De plus, DCNS souhaite également développer une offre dans le nucléaire civil ainsi que sur les énergies marines renouvelables. Ce dernier secteur, à ses balbutiements, peut être porteur dans les années à venir où la question de l’énergie se posera de plus en plus.

Enfin, DCNS qui avait externalisé une partie des travaux à la sous-traitance souhaite réinternaliser les travaux dans son cycle de production.

Patrick Boissier a également évoqué de possibles alliances au niveau européen pour gagner en compétitivité, cependant ces rapprochements ne sont qu’à l’état d’étude.

(Source: Le télégramme de Brest, Un Plan pour conquérir de nouveaux marchés du 9 décembre 2009)

Implantations de DCNS

DCNS est implanté sur plusieurs sites à travers la France ainsi que dans différents pays :

En France

DCNS dispose de 14 implantations en France et emploie près de 12 000 personnes sous contrat de droit administratif et sous contrat de droit privé.

Paris

Outre la direction du groupe, le siège social regroupe l’ensemble des directions fonctionnelles, des directions transverses et des divisions opérationnelles.

Bagneux

Le site regroupe notamment 2 métiers majeurs de DCNS : système de combat et logistique des armées.

Brest – Base Navale

Article détaillé : Arsenal de Brest.

Le site est notamment dédié au maintien en condition opérationnelle (MCO) des navires de surface et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Il est également fortement impliqué dans le pôle de compétitivité Mer. La Division Services dispose également de nombreux bureaux au sein de la Base navale.

L’activité constructions neuves est abandonnée depuis la fin de la construction des bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral et Tonnerre achevée en 2006, toutefois, ponctuellement ses capacités sont utilisées pour les programmes de construction neuve menés par d’autres sites (Lorient, Cherbourg…).

Brest – Ile Longue

Article détaillé : Île Longue (Finistère).

Cherbourg

Le site de Cherbourg est principalement dédié à la réalisation de sous-marins à propulsion nucléaire (Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et Sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE)) ou conventionnels de classe Scorpène.

Le premier arsenal militaire de Cherbourg a été fondé en 1793, puis remplacé en 1803 par un nouvel arsenal, au sein du port militaire voulu par Napoléon. Spécialisé dans la construction des bâtiments de surface à voile, puis à hélices, l’établissement se consacre dès 1898 à la construction de sous-marins.

La production est actuellement à 70% destinée à la Marine nationale (SNLE type « Le Triomphant » et SNA type « Barracuda« ), et à 30 % en export (sous-marins à propulsion diesel-électrique de type Scorpène).

Indret (près de Nantes)

La BU (Business Unit) Propulsion à Indret est spécialisée dans la conception et l’intégration des réacteurs nucléaires des sous-marins et bâtiments de surface. Un de ses axes de développement concerne les développements AIP (Air Independant Propulsion) et l’éco-conception (réduction de la consommation d’énergie par exemple).

Co-fondateur du pôle de compétitivité EMC2 (Ensembles Mécaniques et Composites Complexes), cette BU est également un acteur régional important avec ses nombreux fournisseurs et sous-traitants, ainsi que par ses partenariats avec des laboratoires de recherche ou des grandes écoles locales (Polytechnique Nantes, Ecole Centrale de Nantes, École navale…)

Historique
Article détaillé : Fonderie d’Indret.

A l’origine, fonderie de canons, construite en 1777 sur décision de Sartine, elle devient manufacture royale de canons en 1781, puis de machines à vapeur pour la Marine en 1828.

Dans le cadre de la politique gaullienne de dissuasion nucléaire française, Indret se consacre dès les années 1960 à la propulsion nucléaire, pour fournir les sous-marins à propulsion nucléaire ainsi que le porte-avions Charles de Gaulle.

Lorient

Le site est en charge des constructions neuves et de l’exportation des bâtiments de surface de moyen tonnage ainsi que de l’ingénierie qui se répartit sur les sites de Cherbourg, Brest et Le Mourillon.

La partie Ingénierie intervient en termes de conception des navires armés et des systèmes navals complexes. Elle pilote et réalise l’intégration fonctionnelle et physique des systèmes.

Toulon – Base Navale

Article détaillé : Port militaire de Toulon.

Le site est dédié principalement au maintien en condition opérationnelle des sous-marins nucléaires d’attaque, du porte-avions Charles de Gaulle et des bâtiments de surface.

Toulon – Le Mourillon[modifier]

L’activité du centre porte principalement sur les hautes technologies, le développement et l’intégration de systèmes complexes. Il s’investit en outre dans la numérisation du champ de bataille (mer-air-terre).

Saint-Tropez[modifier]

Le site est spécialisé dans l’étude, la conception, la réalisation et la maintenance de systèmes d’armes de lutte sous-marines.

Plus particulièrement, les torpilles lourdes de nouvelle génération (Blackshark et F21) utilisées par les sous-marins des marines françaises et étrangères, des torpilles légères (MU90) lancées depuis des bâtiments de surface ou des aéronefs, la maintenance programmée des armes sous-marines de la marine française, de la simulation numérique, des contre-mesures.

Ruelle-sur-Touvre (près d’Angoulême)[modifier]

Article détaillé : Fonderie de Ruelle.

Le site de Ruelle est chargé de la conception et du développement des équipements des bâtiments de surface et des sous-marins (système automatisé, système de lancement d’armes SYLVER, manutention d’hélicoptères). Le département d’activités Équipement naval de DCNS est également expert dans le développement des systèmes de conduite et des simulateurs d’entraînement.

Ce département est à l’origine une fonderie de canons destinés à la Marine royale, fondée par Montalembert sous le règne de Louis XV. Son implantation sur la commune de Ruelle-sur-Touvre est due à la présence de la rivière la Touvre. Sa température ne variant pratiquement pas, la trempe des canons y était possible toute l’année. Ce procédé permettait d’obtenir des matériaux beaucoup plus résistants. La fonderie de Ruelle alimentait l’arsenal royal de Rochefort en canons, par le biais de transport des canons au port d’Angoulême, situé sur les bords de la Charente. Aujourd’hui encore est organisée chaque année « la route des tonneaux et des canons », généralement au mois de septembre.

Hors de France

  • Arabie saoudite
  • Bulgarie
  • Grèce
  • Italie
  • Inde
  • Malaisie
  • Singapour

Les affaires

Article détaillé : Affaire DCN.

DCN fait l’objet d’enquêtes concernant plusieurs affaires de corruption liées à des exportations d’armement.[6]

En 2002, onze employés de la DCN sont décédés dans l’attentat de Karachi.

Notes et références[modifier]

  1. a et b Rapport n° 134 (2004-2005) de M. Yves FRÉVILLE, fait au nom de la commission des finances, déposé le 21 décembre 2004, Annexe 1, l’évolution du statut juridique de DCN [archive] sur www.senat.fr
  2. La défense navale toujours à la pointe [archive] sur www.dcnsgroup.com. Consulté le 5 mars 2010
  3. http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=104301 [archive]
  4. (fr) Sarkozy évoque l’union des chantiers navals civils et militaires [archive] sur spyworld-actu.com, Spy World, 5 septembre 2008. Consulté le 28 octobre 2008
  5. (fr) Vincent Groizeleau, « Interview : Jean-Marie Poimboeuf, président de DCNS [archive] » sur meretmarine.com, Mer et Marine, 27 octobre 2008. Consulté le 28 octobre 2008. « TKMS entre dans l’étude dont je vous ai parlé mais la piste franco-allemande n’est pas la seule. Il faut aussi regarder ce que nous pouvons faire avec les Britanniques, les Italiens et les Espagnols. Ensuite, ce sera aux actionnaires de décider. »
  6. Les eaux troubles de la construction navale [archive], Gérard Davet,Le Monde,septembre 2008, repris par Spyworld