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Mistral : la Russie dément toute impasse dans les négociations

Alors que la France fait une démonstration grandeur nature de son porte-avion Mistral envoyé aux larges des côtes libyennes pour – nous dit-on – assurer une mission humanitaire (l’évacuation d’ouvriers égyptiens bloqués à la frontière avec la Tunisie), la Russie rebondit sur le sujet.
Le porte-parole du premier ministre russe, Dmitri Peskov, a en effet démenti jeudi les informations de presse laissant entendre que les pourparlers entre la Russie et la France concernant la vente de porte-hélicoptères de classe Mistral étaient dans l’impasse.

Selon le porte-parole, si les négociations franco-russes ont certes pu buter sur « quelques problèmes », de telles difficultés seraient « naturelles » eu égard à l’envergure d’un tel projet.

Des propos qui interviennent alors que le quotidien russe Kommersant avait affirmé jeudi que les pourparlers étaient dans l’impasse, les deux parties ne parvenant pas à trouver un accord sur le prix final des navires. Le journal affirmant également que le prix pourrait atteindre un montant minium de 1,15 milliards d’euros, contre 980 millions prévus initialement.

Alors que le 24 décembre dernier, les autorités russes ont retenu le consortium formé par le groupe français DCNS, les chantiers STX et les chantiers navals russes OSK dans le cadre de l’achat de quatre bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral, une source proche des négociateurs avait indiqué que la construction du porte-hélicoptères sur les chantiers navals français coûterait à la Russie plus de 700 millions d’euros.

« Le coût du premier navire se chiffrera à 720 euros, alors que le deuxième coûtera 650 millions d’euros« , avait ainsi précisé l’interlocuteur de l’agence.
En guise de cadeau de Noël, le président russe Dmitri Medvedev avait annoncé à son homologue français Nicolas Sarkozy qu’au terme d’un appel d’offres sur la construction de porte-hélicoptères, Moscou avait retenu le consortium formé par les groupes industriels français et OSK.

Porte  hélicoptères Mistral

Porte hélicoptères Mistral

Pour rappel, l’offre du consortium prévoit dans un premier temps la construction en commun de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral, qui devrait être prolongée par la fabrication de deux unités supplémentaires.

 

Deux navires seront construits à Saint-Nazaire et deux autres sous licence en Russie.

 

Début décembre, le porte-parole de Matignon avait indiqué que la France considérait comme acquise la signature d’un contrat sur la vente d’un porte-hélicoptères français de classe Mistral à la Russie. Toutefois, Paris se proposait d’attendre les résultats de l’appel d’offres lancé en octobre dernier pour faire une annonce officielle.

 

Rappelons toutefois qu’en juin dernier, Vladimir Poutine avait déclaré à des média français que l’acquisition de navire de classe Mistral n’était envisageable qu’en cas de transfert de technologies. « Un porte-hélicoptères de ce type coûte dans les 300 millions d’euros. Pour nous, la transaction ne représente de l’intérêt que si elle est accompagnée d’un transfert de technologies. Afin que le secteur des constructions navales russes, militaires et civiles, ait de nouvelles impulsions pour son développement« , avait alors expliqué le premier ministre.

« Nous jugeons très importante la question suivante: qu’est-ce qui sera construit et en quelle quantité dans les entreprises russes ? » avait ajouté Vladimir Poutine.
Comparons également au passage le prix de 700 millions largement supérieur au prix initial annoncé par Vladimir Poutine. La différence pourrait être justifiée par la fourniture – controversée – « d’équipements complémentaires » dirons-nous poliment, le transfert de technologies pouvant être également valorisée.

 

En août 2009, l’Etat-major de la Marine russe avait d’ores et déjà annoncé que des négociations étaient en cours entre les experts russes et français sur l’achat par Moscou d’un porte-hélicoptères français Mistral . Le coût de la transaction serait de 300-400 millions d’euros, affirmait alors les sources proches du dossier.
Elément fondamental du cahier des charges : la Russie souhaite avant toute chose que le navire soit opérationnel dans les conditions climatiques froides. Autre point : « tous les systèmes de combat, les télécoms, les armements, les appareils volants doivent être de fabrication russe » affirmaient alors une source proche du dossier. Selon lui, ce porte-hélicoptères polyvalent pourrait intégrer les forces d’intervention rapide en cours de création en Russie.

Reste donc à savoir précisément si les dits porte-hélicoptères seront des coquilles vides ou des coquilles pleines …

 

Précisons toutefois que fin octobre, Pierre Legros, du groupe d’armement naval français DCNS avait indiqué à Ria Novosti que DCNS ne connaissait pas de limitations quant aux technologies qu’elle est en droit de transférer à la Russie.

« Ce sera un navire doté des mêmes systèmes que les navires de la Marine française. Il n’y a aucune restriction« , avait alors indiqué le dirigeant. Pierre Legros réagissait ainsi à certains médias internationaux affirmant que le porte-hélicoptères serait vendu à la Russie sans son système ultramoderne de direction de combat.

Sources : AFP, Ria Novosti, Usine nouvelle, Realpolitik

Par Elisabeth Studer le 03 mars 2011

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